Le 12 mars 2023 Randonnée à ski

Rundfjellet
803 m

Lofoten

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Sur l’île d’Austvågøya, il existe un bon nombre de randos classiques qui figurent dans le Top 10. Se rendre sur Rundfjellet est très adapté à des skieurs peu entraînés qui souhaitent tout de même profiter de vues impressionnantes sur les fjords de Sørlenangen et l’océan arctique. En cas de mauvaises conditions météorologiques et nivologiques, il s’agit également d’un back-up sûr. Nous l’avons testé avec une visibilité limitée et en traçant…

Ce n’est quand même pas un itinéraire et une balade débonnaire, loin de là.

La preuve en est que personne n’est allé au sommet, même les locaux qui nous ont rattrapés ne s’y sont pas aventurés.

© Vidéos, photos & illustration : Antoine & Vincent Thiebaut – Gordon Schücker

Carnet de course

  • Orientation Est

  • Difficulté ascension PD - E2

  • Dangers Corniches et arêtes en glace

  • Départ course Parking avant pont Vaterfjordpollen

  • Difficulté descente S3

  • Matériel Spécifique Crampons et piolet pour les sommets

  • Altitude départ 20 m

  • Neige Poudreuse et froide

  • Compagnons Antoine Thiébaut, Gordon Schücker, Guro et Laura

  • Altitude col 720 m

  • Météo Beau, puis aucune visibilité ensuite éclaircies

  • Refuge -

  • Dénivelé total 1300 m

  • Timing total 5 heures

  • Secours + 75 55 90 00 ou 112

  • Distance AR 13 km

PAR
Vincent Thiébaut

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Le réveil est mis pour 7 heures pour un départ programmé à 8. Les conditions ne cessent de changer ! Les lumières sur l’océan sont démentes. Le ciel se charge et se décharge au fil des passages de grains. Les prévisions sont un peu plus optimistes ensuite. Optons pour une randonnée proche de Svolvaer à 1/4 heure de route en direction de Laupstad. Il y a une belle possibilité de se garer à gauche avant le pont de Vaterfjordpollen.

La face Sud vue la veille depuis Blatinden

Il a neigé 20 centimètres cette nuit et nous espérons trouver quelqu’un avec qui partager la tâche ingrate de la trace sur les 2 kilomètres qui mènent au pied des premières pentes. En arrivant sur le parking, nous voila rassurés, une voiture y est garée. Nous commençons notre balade sous un ciel bleu éclatant, et voir l’envol d’un aigle marin à quelques mètres est un privilège. Malheureusement nous n’avons pas le temps de sortir notre appareil photo pour immortaliser l’impressionnante envergure de ce rapace. Nous passons à droite d’un chalet d’été et rattrapons une équipe de skieurs partis devant nous dans les premières pentes de la montée.

Tout d’abord un jeune homme tout de rouge vêtu que nous saluons à notre passage et qui s’apprête à sortir de son sac à dos un drône. Quel bon moyen d’entamer une conversation en anglais, surtout avec Antoine… il nous répond dans un français sans accent. Allemand d’origine, il a longtemps habité avec son père à Marseille. Il filme ses deux collègues féminines qui l’accompagnent et qui continuent de tracer plus loin devant. Le contact a été simple et convivial dès lors Antoine reste avec lui et moi je rejoins la tête pour prendre ma part de travail et faire la trace. C’est un exercice plus exigeant, mais tellement motivant et enrichissant, contrôler son rythme, chercher le meilleur itinéraire, faire attention à tout ce qui nous entoure surtout sur un terrain connu. Depuis le deuxième mamelon et jusque dans la dernière portion de la montée, je trace du mieux que je peux.

Un autre groupe de 4 norvégiens locaux, sortie dominicale oblige, double Gordon, Antoine, Godu et Laura, et quelques mètres derrière moi me conseille sur l’itinéraire à prendre avant de me rattraper. La visibilité est devenue plus faible, j’arrive à m’orienter pour prendre l’itinéraire classique à gauche mais le premier du groupe me conseille de prendre plus directement par la droite. Je m’exécute en toute confiance. Il s’avère qu’ils avaient raison. Nous atteignons ensemble la selle sous le sommet secondaire du Suolovarri, dans un épais nuage. Plus aucune visibilité. Impossible d’envisager d’aller au sommet, la crête est verglacée, nous ne voyons pas à 10 mètres. Cela nous oblige à changer d’objectif aujourd’hui.

Un mal pour un bien, les norvégiens nous conseillent de goûter à la face sud, réputée comme l’une des plus belles des Lofoten; 500 m d’une pente régulière avec une neige abondante et vierge. Ce n’est pas jour blanc mais presque. Il faut se méfier des quelques ruptures de pente et des rochers sous-jacents. Gordon est un skieur connecté, depuis 2 mois il parcourt les îles pour trouver les meilleurs spots de ski, de surf et de kite. En plus d’être extrêmement sympathique, il est concerné par le partage avec les autres du moment présent. Quel régal de rencontrer à l’autre coin du monde de belles personnes en montagne. Et sur les conseils des norvégiens, nous attendons encore un peu la toute petite éclaircie et nous voila embarqués dans cette descente. Rejoints par un nouveau groupe, des suisses à présent, tous ensemble nous laissons nos traces dans cette belle face.

Arrivés à la limite de la forêt, deux solutions s’imposent à notre concertation: rentrer de suite vers les voitures et remonter cette pente. Ce nouvel effort est peut être préférable à pédaler 1 heure de plus dans le fond de vallon. Chacun à son rythme, nous sommes éparpillés dans la montée vers le collet et le ciel daigne se dégager enfin après cette grimpette sous les flocons. Nous apercevons enfin le sommet bien platré et les tentatives de nos amis norvégiens qui ont rebroussé chemin.

Personne n’ira au sommet aujourd’hui !

Une question se pose à nous quatre. une nouvelle descente dans la pente sud avec maintenant une “visi” satisfaisante ou redescente par la voie de montée. C’est cette dernière qui fait l’unanimité ! La neige y est excellente aussi et la pente parfaite dans la première partie. Mais Gordon et ses deux partenaires vont en direction du vallon de gauche, sur les conseils de Laura, qui connaît bien le coin. Nous avec les Suisses nous testons une variante plus à droite, trop à droite de la trace de montée. Nous nous mettons dans une galère. Les Suisses remettent les peaux. Antoine et moi, déjà plus engagés dans un traversée délicate, n’avons d’autre alternative que de continuer prudemment au-dessus des barres pour trouver une issue à pied dans un mètre de neige. Heureusement, nous ne sommes que deux et arrivons à gérer cette situation et retrouver la trace de montée… enfin ! C’est bien la encore une raison, que je ne qualifierais pas ce sommet de facile. Les pièges sont nombreux. Puis le ski est devenu ludique entre les rochers puis les bouleaux, d’abord éparses mais qui va vite se densifier. Nous terminons ce passage en forêt au forceps et nous voila sur le plateau. La trace de retour des locaux préconise la traversée des plans d’eau que nous avons contourner le matin. Mais la neige bien humide décollent nos peaux et avons un peu de mal à rejoindre la route et le pont. Au loin, nous voyons nos amis, le groupe de Gordon et tous les autres seulement à la fin de la combe avec tout ce long plateau pour rejoindre la trace initiale. Malgré notre erreur et ce choix délicat à assumer, nous avons bien 1 heure d’avance.

Les couleurs sont incroyables, les arêtes des sommets bien blanches de cette neige collée par le vent contrastent avec un ciel d’un bleu sombre et profond à l’horizon, devenant presque accueillant au-dessus de nous. Nous voila arrivés au parking et retour sur Svolvaer, 6 heures après le début de l’aventure sur Rundfjellet.
Nous restons en contact avec Gordon pour les jours suivants.

CARTOGRAPHIE


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