Stetinden
920 m

Stetinden est un petit sommet panoramique accessible par un joli vallon que nous avons déjà grimpé en 2016. C’est une très belle et simple course, idéalement adaptée pour un après-midi. Orienté à l’ouest, il bénéficie des lumières du soleil du soir, ce que nous avons testé quelques jours plus tard sur Bjorndaltinden, le sommet voisin. Seul un court passage à 30° qui peut être parfois délicat pour atteindre Flatfjellet est à remarquer sur cet itinéraire évident.

© Photos et illustration : V. Thiebaut – C. Dussoliet Gond

1, 2, 3, … Couloirs

Après une arrivée mouvementée la veille, le soulagement d’avoir pris le ferry à temps, nous prenons nos marques dans notre lodge à Lenangsøyra. ! Une vieille bâtisse face à la conserverie de crevettes – Chouette – appartenant à la famille. Spacieux et confortable avec une vue magnifique sur le fjord. Même si elle est un peu excentrée par rapport aux départs des courses, elle est aussi à l’écart des vagues des touristes et bénéficie d’un atout pas négligeable, se situer juste au dessus du seul café et de la supérette du coin – Re chouette.

Depuis la fenêtre de la pièce à vivre, se dressent les premiers sommets que nous décidons de gravir dont la classique du coin, Stetinden. Les conditions météo sont très changeantes aujourd’hui et il est toujours recommandé de tester le manteau neigeux sur une première sortie. Mais connaissant le Ptio, si les conditions sont stables, ce seul sommet ne satisfera pas à ses tentations. Sur Varsom, le risque est notifié à ⅖ et effectivement, une fois à pied d’œuvre, nous constatons que les risques sont faibles tout cela confortés par des températures très basses. La visibilité est bonne et la première montée dans la combe nous permet de nous mettre en jambes. A droite, c’est l’itinéraire classique mais Ptio décide de ne pas suivre la horde de skieurs et de tirer tout droit vers les couloirs; il faut le dire, très «tentant », de la provocation, oui !. Des pentes de 35 à 40° pas trop longues dominées par une crête très accueillante -sans nom- entre Stetinden au Sud et Bjørndalstindan au Nord. Il nous faut mettre les skis sur le sac pour un portage de 150 m de dénivelée. Quel bonheur, notre première descente cette année.. dans une neige “poudre de cinéma” !

Une fois dévalée, nous mettons nos peaux pour un deuxième objectif. Pas de répit, Ptio est déjà en train de tracer. Direction la combe Nord du Stetinden, 250 m, plus longue, plus raide repérée en allant au premier couloir, elle ne pouvait pas restée vierge, ça aurait été indéçant. Après un bon tiers, plus moyen de converser, nous nous arrêtons mettre les crampons et les skis sur le sac pour une progression en toute sécurité. 2 raidillons à plus de 50 ° sur une neige glacée va nous obliger à sortir par le haut et rejoindre le sommet du Stetinden.

Nous sommes 5 et la descente dans ce couloir n’est pas « safe » pour le groupe. Ça aurait été une très belle ligne de pente raide. Contents d’avoir fait le sommet par une montée d’alpi, nous redescendons donc par l’itinéraire classique dans une neige soufflée et bien trafollée. C’était prévisible ! Le temps commence à changer et à se boucher sur les sommets. Une fois le raidillon passé après Flatfjellet, Pascal nous quitte pour rejoindre les voitures.

Nous continuons à 4 pour le troisième objectif, la visite des couloirs de Bjørndalstindan. Après avoir traversé la combe, Ptio trace vers le col situé au Nord. Il donne paraît-il accès à un beau couloir protégé. Ptio : “ Satanas !!!, il n’est pas en conditions, une petite couche de neige fraîche recouvre une couche bien trop dure et m’oblige à une manipulation délicate “. Je dois enlever ses skis et repartir à pied en suivant sa trace de traversée, mais en marchant face à la pente pour marquer un peu la neige. Nous voila repartis en traversée vers l’aplomb du couloir principal, bien caractéristique au centre de cette montagne. Les nuages se densifient très vite, nous mettons les crampons une dernière fois aujourd’hui sur cette pente à 35°/37°, nuance que nous donne Ptio, habitué à descendre tout au long de l’hiver ses couloirs bénis dans les massifs des Aravis et des Bornes. C’est Ptio, le plus expérimenté qui se lance le premier, impossible de distinguer ni la pente ni les éventuels rochers ou ruptures de pente à plus de 20 m.

Dommage ! C’est donc dans une purée de pois que nous descendons, sans vraiment profiter de cette poudreuse. Le relief est donné par les traces laissées par ses virages et nous permettent d’appréhender le terrain. Plus bas, nous retrouvons une peu plus de visibilité et notre descente dans le vallon et la forêt de bouleaux s’avère ludique et légère malgré que pour certains, comme pour moi d’ailleurs, les jambes sont un peu lourdes. Une demie heure plus tard, nous sommes arrivés à la voiture garée à Sør Lenangen. Cette première sortie augure une très belle semaine et à permis de voir la forme de chacun et comme chaque année ressoude rapidement le groupe qui se voit peut en saison. Nos futures élucubrations feront des envieux.

Arrivés au lodge, miracle, le ciel s’ouvre et laisse entrevoir nos montagnes du jour sous leurs robes de couleurs chaudes de fin de journée. C’est certain, cette semaine, nous y retournerons pour skier sur ces neiges orangées et rosées. Après un sauna salvateur et un copieux en-cas, nous nous sommes rassemblés autour de nos topos et cartes pour décider du programme du lendemain. La météo est encore bien capricieuse et nous étudions les différentes possibilités qui nous sont offertes.

CARTOGRAPHIE