Bjorndalstinden & Rundfjellet
913 m

Tic tac, tic tac…
On part en montagne.
17h30, nous décollons du Lodge.

Nous sommes 4, Pierre, Jr, Ptio et moi, objectif : gravir Bjorndalstinden puis Rundfjellet et terminer notre journée par la descente face Ouest vers le fjord. Nous connaissons à présent le coin et choisissons un endroit stratégique pour se garer proche de notre arrivée. Les conditions sont parfaites, froid sans vent…. Puis balade entre potes à 23h puis assister à une explosion d’aurores boréales

© Textes, photos et illustration : V. Thiebaut – C. Dussoliet

LA TOTALE.
NORDGE, ON T’AIME TRÈS FORT

Nous montons dans la forêt de bouleaux et dans la combe principale plutôt à gauche. Nous sommes évidemment hyper motivés pour vivre ce moment magique. Arrivés sur le plateau Vassdalsskardet, JR et Pierre, un peu plus émoussés par les efforts supplémentaires de ce matin, préfèrent rejoindre directement le sommet du Rundfjellet et nous attendre au soleil… Avec l’actrice ? Voir Steinfjellet pour ses coordonnées !!!).

Ptio et moi accélérons la cadence pour enchaîner les deux sommets dans le temps imparti. Il nous faut monter vite au Bjordalstindan avant que les couleurs changent. Ptio trace à ski le plus haut possible et rejoint l’itinéraire de 3 snowboarders locaux, montés en mini raquettes, depuis leur motoneige restées sur le plateau. Ces mini raquettes sont vraiment le bon compromis pour grimper dans des couloirs raides bien chargés en neige fraîche ou en terrain délicat. Car elles se fixent sur une paire de crampons. La progression à pied, même sans crampons, est bien plus longue qu’en skis et surtout par rapport à notre timing fixé. Ptio est bien devant, je dois accélérer mon pas mais je suis moins à l’aise que lui dans ces conditions. Nous avons pris ¼ heure de retard, TIC TAC…TIC TAC.

Sous nos yeux, les 3 surfeurs se jettent dans 3 couloirs parallèles, dans de belles courbes bien rapides. On est en plein film, c’est en live ! Nous arrivons au sommet, heureux, les couleurs chaudes ont habillé tout le décor autour de nous. C’est splendide. Je ne peux m’empêcher de prendre des clichés. C’est beau, c’est poudre, c’est raide… La descente est “majeur” ! Que dire de plus, nos cris lancés témoignent de notre exaltation et notre bonheur, c’est le pied !. Les trolls se marrent sans doute de voir ces 2 fanfarons sur leurs planches de bois tracés des belles courbes telle une danse avec les esprits Norvégiens.

Nous glissons ensuite vers l’ultime trace de montée, 160 m d’effort à produire rapidement pour retrouver nos compères au sommet. Nous avons 10 minutes si nous voulons encore profiter de cette rare lumière pour la deuxième descente. Ils vont nous rejoindre juste sous le sommet, là où se trouve l’entrée de la face Ouest la plus proche du Rundfjellet. Nous croisons un groupe de 5 skieurs chargés comme des mules. Quelques heures plus tard, nous comprendrons leur motivation. L’indice Kp, l’indicateur d’aurores boréales, est au maximum ce soir. Ils vont les observer depuis ce belvédère, les petits malins, sans aucune pollution visuelle dans un environnement idéal.

Les couleurs ne cessent d’évoluer, à présent, vers des couleurs plus glaciales, rosées, violacées qui accentuent le froid saisissant quand nous sommes à l’arrêt. C’est dément… les ombres projetées de nos silhouettes sont bleu turquoises fluo. Tous ont la même réflexion, c’est irréel, digne d’effets de science fiction…même l’AI ne peut faire mieux !
JR et Pierre qui ont attendu plus de 45 minutes ne sont pas amères. Bien au contraire, ils ont profité pleinement de leur position pour assister au spectacle. Mais il nous faut quitter cette montagne et descendre dans les couloirs repérés avant la nuit. Dans ces lumières différentes, nous constatons que l’entrée du couloir prévu nécessite une traversée vers la droite d’une cinquantaine de mètres complètement gelée et glacée, nous optons par sécurité pour un autre plus à gauche. Dommage ! Après cette traversée, nous laissons nos spatules se libérer dans une neige soufflée jusqu’à la lisière du bois. Et pour rejoindre le bas de la vallée, dévaler un goulet plus raide, un bon 35°. Entre les arbres, la neige est protégée, donc meilleure à skier. C’est la régalade du soir.

Il est 20h30 et la nuit approche à grands pas. Encore quelques efforts pour trouver où traverser le ruisseau et il ne nous reste plus qu’à rejoindre les voitures en pas de patineur !
Ce soir, tout a été réuni pour l’une des plus belles sorties de notre voyage, … même de notre vie de skieur. Et c’est loin d’être fini. Après une bonne douche bien chaude, un dîner copieux entre amis, les premières aurores font leurs apparitions. Face à la conserverie de crevettes et ses deux gros projecteurs, la position pour les observer n’est pas optimale. Et comme nous avons repéré la veille en revenant de Ravik, un collet où nous serions seuls avec une pollution quasi nulle, nous embarquons en voiture. Nous restons sur place plus de 2 heures à les voir danser dans le ciel, dans toutes les directions, sous toutes les formes et couleurs, avec des intensités dingues… et parfois s’allumait une petite lumière blanche au sommet du Rundfjellet, nos 5 courageux skieurs clairvoyants et chanceux.

Version du Ptio sur notre fin de soirée, complètement allumée donc …

Alerte générale !!! Jr et moi sortons comme des fous du lodge, et là, on est cloué sur place. Le reste de l’équipe suit juste derrière nous. Ça envoie des couleurs dans une danse que seuls les elfes ont pu imaginer. C’est irréel, mais c’est là, au-dessus de nos petites caboches de vieux gamins. Nous prenons nos carrosses pour nous rendre vers un lieu sans pollution lumineuse afin de profiter pleinement du spectacle. Les couleurs réchauffent nos coeurs, grillent nos rétines, c’est beau, très beau mais ça pêle, qu’est ce que ça pêle . C’est le deal pour cette nuit. 1h30 de Waaaaaaoooouuuuhhhhhh . Les 6 garnements ont réussi leur coup aujourd’hui . 2 sorties et les aurores, what else ?

CARTOGRAPHIE