13 jours en autonomie
Episode 2
Sarek
Mercredi 30 mars 2022
JOUR 5
Le ciel se dégage au fil de la matinée et nous révèle les sommets et lacs gelés qui nous entourent.
Une autre Stuka est indiquée sur la carte, malheureusement sa fenêtre brisée a été suffisante pour la remplir de neige … il faudra attendre le printemps pour y rentrer ! Tant pis nous prendrons notre repas de midi adossé au mur, c’est toujours mieux que derrière nos pulkas !
© Photos : Chloé Martin & Matthieu Appel
Carnet de course
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Distance totale ± 145 km selon estimation carto
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Denivelé ascension Gisuris 780 m
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Dangers éventuels La météo (froid, vent, précipitations), la nivologie, l’isolement, les traversées de lacs et rivières avant l’entrée du parc.
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Départ raid Ritsem
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Difficulté Gisuris Montée : PD - Ski : 2 - E2 à valider par mat
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Matériel 110 Kg voir page matériel Raid à ski
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Altitude la plus basse 480 m - lac Akkajaure
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Neige variable selon expo et altitude
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Compagnons Chloé et Matthieu
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Altitude la plus haute 1677 m - sommet du Gisuris
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Météo -
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Refuges et abris Renvaktarstuga -
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Dénivelé total 2410 m
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Vitesse moyenne de déplacement 5,20 km / heure
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Secours Tel : 112
Nous croisons un campement, deux tentes bien abritées par de hauts murs de neiges façonnés à la pelle. Eux ont choisis d’attendre le retour de meilleures conditions météorologiques pour skier les pentes avoisinantes, sage décision.
La glace a disparue sur une petite partie de la berge du lac que nous traversons, laissant s’écouler un filet d’eau. C’est une aubaine, nous gagnerons du temps et de l’essence ce soir. Le bulletin météo obtenu à l’aide du GPS nous annonce depuis 2 jours qu’il fera beau demain. Non loin du lac, j’ai repéré sur la carte des pentes peu soutenues qui pourraient nous mener à un petit sommet.
Il nous tarde de prendre un peu de hauteur !
Jeudi 31 mars 2022
JOUR 6
Beau et sans vent, le bulletin disait vrai ! Nous traversons le lac sur sa largeur pour s’attaquer aux pentes ensoleillées. Au fur et à mesure de notre ascension, la glace se dévoile, la neige n’ayant pas tenue avec le vent des derniers jours. Le risque de dévisser et trop grand, même avec les couteaux, nous devons battre en retraite. Le sourire est malgré tout sur nos visages : la vue est splendide, sauvage, de la neige à perte de vue.
13h, rassasié à l’abris de la tente nous décidons de plier camp et de continuer notre route, la journée est trop belle pour rester immobile.
Nous quittons la vallée et le tracé de la Kungsleden (littéralement « voie Royale »), cet itinéraire bien connu des Suédois puisqu’elle traverse la Laponie Suédoise sur 440km. Droit devant nous, à 2 jours de ski, Saltoluokta, l’autre porte d’entrée du Parc et la fin d’une aventure pour certain. Sur notre gauche une autre vallée, moins parcourue, qui nous mènera au pied du Nijar cet imposant sommet au pied duquel nous sommes passé au début de notre itinéraire. Nous sommes presque à la moitié de notre périple, il est temps de changer de cap.
Vendredi 1 avril 2022
JOUR 7
Une fois n’est pas coutume, ce matin c’est petit dej’ dehors face à la vue et au soleil ! Mais il ne faut pas s’y méprendre, la petite bise venant du Nord nous rappel qu’il fait -20°. Chloé a mal au ventre ce matin, l’eau de fonte n’est pas sans effet sur nos intestins et la fatigue se fait sentir avec les jours qui passent.
Il n’y a pas signe de vie dans cette vallée qui nous parait interminable. Nous avons en ligne de mire une falaise au loin mais voilà déjà 7km que nous marchons et elle me parait toujours aussi lointaine ! Le vent de face nous glace, c’est dans ces moments où nous réalisons à quel point notre équipement est fondamentale à notre survie. Chloé ne quittera pas ses moufles en duvet pour le repas de midi, la voir manger des cacahuète devient un spectacle hors du commun !
A l’approche d’une bute, Chloé repère au loin deux points brunâtres en mouvement. Des rennes si loin des forêts ? Nous approchons vent de face, quand tout à coup 2 lagopèdes s’envolent derrière des bloc de pierre à une vingtaine de mètre de nous. Surgit un renard roux que nous avons dérangé dans sa chasse. Et là, courant droit vers nous sans nous voir : un glouton ! Il n’est qu’à 10 mètres quand il s’arrête, nous fixe et détalle à toute vitesse.
On n’en revient pas, un glouton !
Nous n’avons pas eu le temps de le photographier mais ses empreintes dans la neige sont impressionnantes et cette rencontre restera un moment inoubliable de notre aventure.
Déjà 17km dans les pattes. Point carto : il y a une Stuka à 4km. On tente le coup ! Pas de chance cette fois, la porte est cadenassée et nous devrons planter la tente. Aujourd’hui, nous somme le 1er avril, nous fêtons les un an de la signature de notre maison. Nous sommes épuisés mais heureux.
Samedi 2 avril 2022
JOUR 8
Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit, la tempête a fait rage toute la nuit, venant plier les parois de tissu contre nos duvets. Ce matin le vent fait trembler la tente, on se croirait dans une machine à laver sur le programme essorage !Chloé se retient d’aller faire pipi depuis deux heures de peur de s’envoler.
« Matthieu, tu crois qu’elle peut exploser la tente ? » On éclate de rire.
Cette tempête tombe à pic, il nous fallait une journée de repos. J’ai les jambes lourdes et Chloé a des orteils qui picotent depuis hier soir à cause du froid et d’un point de pression dans sa chaussure. On écoute quelques podcasts et on fait la liste des règles d’or et des constats de terrain :
- « Don’t be wet » : on comprend vite que la seule source de chaleur pour sécher nos affaires c’est nous même. Alors pour faire sécher les chaussettes on les glisse sous la polaire la nuit, bonjour l’odeur le matin !
- Ne pas respirer dans le duvet, même s’il fait très froid.
- Ne pas coller sa langue sur la cuillère sans l’avoir réchauffée au préalable, surtout quand il fait -20°c.
- Ne pas sortir sans gants, même pour une minute.
- Avoir plusieurs paires de gants, toujours secs.
- Avoir les pieds au sec, toujours.
- S’hydrater et ne pas se retenir d’aller uriner, ça consomme de l’énergie !
- Réchauffer les Dragibus dans son soutient gorge pour ne pas se casser les dents.
- Les KitKat n’ont aucun gout quand ils sont congelés mais les Snickers oui.
Ah ! Et ne pas oublier d’enlever le frein. Chloé aura fait 5 jours avec la cordelette de freinage sur la pulka, sans c’est plus facile pour avancer !
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