Le 13 avril 2022 Randonnée à ski

Stormheimfjellet
1181 m

Troms

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Depuis le début de ce voyage, nous devons jongler avec les différentes possibilités d’itinéraires. La météo est perturbée et les massifs sont plus ou moins impactés par les dépressions et les précipitations. Mais notre expertise météo très sensible s’est bien affinée. Avec l’analyse des courses de la veille, nous allons privilégier la qualité de la neige et où les éclaircies sont plus prononcées, quitte à faire un peu plus de route.

Direction Breivikeidet pour une des pentes les plus emblématiques, la face Nord du Stormheimfjellet

Nous voici donc en route pour 50 minutes de trajet, motivés comme jamais. Le temps s’est levé et fait apparaître tous les sommets de Troms, sous une couche de 20 cm de neige fraîche. Notre choix est le bon. Sur place, les conditions sont effectivement réunies avec une neige fraîche tombée sans vent.

© Photos & illustration : V. Thiebaut

Carnet de course

  • Orientation Nord

  • Difficulté ascension Facile (-25°)

  • Dangers Corniches au sommet

  • Départ course Elvevoll - Nyskog

  • Difficulté descente S2

  • Matériel Spécifique -

  • Altitude départ 50 m

  • Neige Fraiche, de 5 à 20 cm

  • Compagnons Philippe et Laurence, Christophe 2,

  • Altitude sommet 1181m

  • Météo Eclaircies Puis grand beau temps

  • Refuge -

  • Dénivelé total 1100 m

  • Timing total 3h30

  • Secours 112

  • Distance AR 14 km

PAR
Vincent Thiébaut

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Monoski sur l’emblématique face Nord du Stormheimfjellet

Nous avons repéré un départ différent de celui indiqué sur le topo, moins loin en voiture, depuis un lieu-dit Nyskog. Mais après le passage d’un pont métallique bien étroit, la route n’est plus conseillée pour la dépose des skieurs et devient privative. Nous nous garons juste après à Nygård. Autorisation demandée aux habitants du hameau qui étaient en train de déneiger et accordée! Les norvégiens sont sympas. Cela va rallonger notre approche mais l’endroit est sauvage et magnifique. Autant en profiter !

La première partie est relativement plate et je décide de progresser sans mes cales de montée. Nous traversons une piste de skate insolite et surtout merveilleusement bien préparée… Mais pour qui ? Nous sommes loin de toute localité. Puis nous entrons dans une partie plus boisée avec toujours aussi peu de pente. Je ne comprends pas mais ma chaussure gauche a un peu de jeu…Encore quelques mètres et je me rends compte que l’effort de la pression de la chaussure sans la cale dans les quelques traversées, a précipité le devissement des 4 vis de la fixation avant. Pas d’outils dans le sac ni chez mes collègues. Zut, ils sont restés au lodge dans le sac de voyage.  Nous arrivons toutefois à les resserrer grâce au bâton de Ptio, dont la pointe est biseautée. Mais pour combien de temps, car je sens bien que certaines tournent déjà dans le vide. Je continue ma montée mais avec les cales de montée. L’itinéraire dans les bois reste vraiment agréable et beaucoup moins fastidieux à nos yeux. Il faut quand même dire qu’il est plus motivant de tracer dans une neige fraîche plutôt que dans une neige humide ou en glace.

Nous observons la suite de l’itinéraire au-dessus de nous avec un groupe d’une dizaine de skieurs proche de l’arête. Ils sont sur l’itinéraire classique, depuis la route 7758. Nous ne sommes que 5 aujourd’hui car JR accuse un peu le coup. Il avait besoin de repos. Fort gaillard comme il l’est, rester au lodge n’est pas un choix facile mais plutôt une nécessité dictée par un besoin de récupération.

Nous nous entraînons chaque semaine plusieurs fois, car nous habitons tous proche des sommets alors que JR habitant Oslo, n’a pas, à proximité, un dénivelé suffisant pour parfaire son entraînement. Laurence a accroché la locomotive depuis quelques minutes pour bien se mettre en rythme dans cette longue partie d’ascension. Une belle pente régulière nous offre une vue vers le Nord sur Ullsfjorden. Nous voilà revenu en hiver avec une couverture neigeuse jusqu’à la mer. A plusieurs reprises, Ptio resserre mes vis et à mi pente, je distingue sur un rocher, un couple assis pour se reposer ou s’alimenter. Je décide de quitter notre trace pour les rejoindre et leur demande un tournevis. Malgré mon anglais très scolaire, pour une fois, je me rappelle du nom donné à un tournevis cruciforme. Malheureusement, ils n’en ont pas mais ils m’indiquent qu’ils sont avec deux autres personnes et que, peut être, la chance sera avec moi. J’essaie vraiment de gérer ma montée avec un minimum d’effort mécanique sur la fixation gauche. Pour l’instant, ça tient !

Nous voilà arrivés sur un plateau avant la dernière pente. Ptio arrivé largement avant nous au sommet, s’est chargé de leur demander. Il nous rejoint après avoir enlevé ses peaux pour nous indiquer qu’ils n’en ont pas. Dommage ! Je vois également Philippe qui se détache de Laurence pour partir à la poursuite d’un autre groupe. 10 minutes se passent et nous arrivons au cairn final, Philippe nous attend avec son nouveau groupe d’amis, des suisses parlant bien français. L’un d’entre eux a carrément un garage dans son sac ! Un grand soulagement car dans ma tête, je ne cessais d’envisager le pire, cette maudite fixation se détachant à la descente et mon ski, bien libre dévalant la pente ! Je resserre mes vis mais une seule a encore de la prise dans la structure du ski…Aïe Aïe. Il va falloir skier sur des œufs ! Ptio nous raconte sa dernière partie de course en compagnie d’une jolie finlandaise, traileuse de son état, avec qui il s’est “tiré la bourre” . Tous les deux sont ravis d’avoir trouvé un challenger à leur niveau !

Au sommet, on papote, tout le monde se restaure, la visibilité nous offre des panoramas inédits, malgré la couverture nuageuse en altitude.

Mais il faut penser à la descente et à cette partie de pur bonheur qui nous attend. Nous démarrons par quelques premiers virages dans une neige soufflée, mais ensuite les godilles s’enchaînent bien. Une belle couche de poudreuse, 25 centimètres sur un fond dur, le revêtement parfait. A la fin du faux plat, nous nous regroupons pour décider de l’axe de la pente que nous allons choisir pour nous régaler hors des traces de montée.

Je suis orienté à l’opposé et décide de faire une conversion pour me mettre dans le même sens que mes amis…. et là, ma chaussure se détache du ski. Mon ski reste planté dans la neige, ma chaussure gauche se retrouve dans la position d’une conversion réussie, la fixation avant bien accrochée. Philippe vient à mon aide pour la détacher sans perdre les vis et les pièces détachées.

Cette mésaventure va compliquer le reste de ma descente soit 850 mètres à dévaler sur un ski. Au début, je joue à l’acrobate et j’arrive tant bien que mal à déclencher mes virages dans les deux sens… et je m’en amuse. Puis des pentes bien plus raides nous attendent et je commence à fatiguer. En fait, le déclenchement de mon virage en appui extérieur sur ma jambe droite est assez maîtrisé, mais sur les virages gauches, c’est nettement plus délicat. Heureusement que la neige est facile à skier et que nous nous arrêtons souvent pour prendre quelques photos, cela me permet de reprendre mon souffle. Et que dire de notre Ptio qui skie avec une antenne sur son sac, mon ski dirigé vers les cieux !

Vraiment bien entamé comme mon quadriceps droit d’ailleurs, je suis la troupe qui attaque la partie la plus compliquée, dans les bois. Les virages sont plus courts et la neige est plus lourde. Aujourd’hui, râteaux et pelles se succèdent, comme un bon conseiller de chez” Gamm Vert”. Je décide de ne plus slalomer mais de terminer ce calvaire en longues traversées et virages à l’arrêt. Nous recroisons la piste de ski de fond un peu plus en amont que ce matin, il nous faut donc l’emprunter sur 500 mètres environ pour retrouver notre trace.

Encore quelques efforts et nous sommes en vue du hameau et des voitures. Yes !-) La partie est gagnée. Retour vers notre camp de base! Je laisse volontiers le volant à Tof, et m’installe à l’arrière pour piquer un roupillon. Un grand merci à tous, sans qui, j’aurais été encore plus dans la mouise. Nous arrivons après 40 minutes de route. Une bonne douche, une bière et nous passons à table !

Philippe et Laurence repartent vers 17 heures à Tromsø récupérer Pierre, un autre compagnon venu d’Alsace, tant attendu car dans ses bagages, 2 cubis de vins français l’accompagnent, mais pas que ! Ce soir c’est atelier bricolage pour mes skis qui ont bien séchés, Philippe manie l’Araldite avec un certain savoir faire et expérience. Demain, ce sera un nouveau test !

CARTOGRAPHIE


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