La Traversée
1113 m
Uløya
Cette traversée est l’un des must en termes d’itinéraire et de ski dans cette région
Tout y est, en commençant par la dépose en voilier ou en ferry, gratuite pour les piétons. C’est une longue balade facile en montagne, si toutes les conditions sont réunies, bonne neige, temps clair, pas de vent. L’arête est facile, les descentes à skis sont spectaculaires et l’arrivée sur le petit port d’Hamnes est insolite, voire cultissime.
© Photos et illustration : V. Thiebaut
Carnet de course
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Orientation Traversée Est vers Sud Ouest
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Difficulté ascension PD - E2
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Dangers Corniches
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Départ course Uløyabukta
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Difficulté descente Sud : S3 - 30° max
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Matériel Spécifique -
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Altitude départ 0 m
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Neige Printemps
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Compagnons 2 Christophes, Pierre, Claude, Nadine
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Altitude sommet principal 1113 m
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Météo Tempête de ciel bleu
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Refuge -
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Dénivelé total 1650 m
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Timing total 6 h
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Secours + 75 55 90 00 ou 112
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Distance 19 km
Aujourd’hui, c’est le jour J. La méteo annonce une nette amélioration et la possibilité de rayer de nos tablettes, deux «occasions manquées ». Cette traversée de l’île d’Uløya est un grand classique, encore faut-il que toutes les conditions soient réunies. Pour ma première tentative en 2009, le bout de la route s’était arrêté assez vite, juste au-dessus au col de Blåtinden, un vent sur-puissant nous contraignant à redescendre sur l’autre versant sans pouvoir tenter l’ascension finale du premier sommet. Et de rejoindre Hamnes à pied sur plus de 5 kilomètres.
La deuxième tentative s’est arrêtée encore plus tôt en 2019, puisque nous avons raté le ferry de 8h30. Erreur de lecture des horaires, confondant avec le ferry entre Lyngseidet et Olderdalen.
Nous vous faisons grâce des photos prises sur le ferry, euphorie et motivation des Tofs !
Mais cette année, pas de place pour l’improvisation !
Tout a été réglé comme du papier à musique le veille au soir et avant les quelques boissons et chips qui auraient pu altérer nôtre jugement. Levés à 6h30 pour un petit déj copieux de 6h45 à 7h15, puis embarquement dans les 2 voitures à 7h30. Arrivés sur le parking du Ferry à Rotsund 1/4 heure avant notre traversée. Le temps de vérifier le matos, caler l’encas dans le sac à dos, photographier les 2 « guignols » du groupe…peut être pour se faire remarquer des belles italiennes de Turin qui ont le même objectif avec leur groupe. La dépose se fait à Uløyabukta après 35 minutes. Révision ultime de la carte en fonction des conditions sur le terrain. Les sommets sont encore accrochés par une bande épaisse de nuages.
La traversée est une très belle course, longue mais pas difficile qui demande quand même une certaine habitude d’un terrain varié en montagne. Une approche simple et l’ascension d’un premier sommet puis une traversée le long d’une crête cornichée à pied ou en gardant ses peaux puis deux autres sommets à une altitude comparable. Notre approche est un peu différente. En effet, nous allons chercher la croupe au Nord, évitant ainsi quelques pentes suspectes et de grosses corniches. Le temps se lève, il fait déjà chaud, et nous entendons le bruit fracassant d’une corniche qui vient de céder. Nous arrivons au col en crapahutant sur les rochers, beau terrain mixte et en contournant par la droite afin de ne pas couper une pente sûrement plaquée. Les derniers gros nuages laissent place à des vues somptueuses sur les îles au Nord de Lyngen, Kågen, Arnøya… que certains découvrent avec des yeux d’enfant, subjugués par ce spectacle et ce paysage inhabituel. Les étendues d’eau sont omniprésentes. Je me rappelle du commentaire d’un ami skieur,”Lyngen c’est Chamonix à Coëtquidan”. Je relaye Ptio à la trace sur la pente finale de Blåtinden à un bon train, Deux italiens se mettent alors en chasse, à un train de course pour nous rattraper et nous doubler. Deux coureurs habituels de la Mezzalama, pour qui, l’honneur de la patrie devait être sauvé. Arrivés à quatre au sommet, un « tchek » amical entre nous, nous attendons tranquillement le reste des troupes arrivant au compte goutte.
Là, nos objectifs divergent, nous nous séparons. Pour eux, la traversée intégrale et pour nous un ride d’anthologie. Un véritable plongeon dans le fjord qui restera gravé dans nos souvenirs de skieurs. Nous sommes 6, et uniquement 6 dans cette pente immense. La neige est excellente, les cris d’extase fusent, les courbes s’enchaînent, pour quelques 400 m de pur bonheur. Puis la neige s’alourdit quelque peu et là nous décidons de nous arrêter pour une pause « Kasdal(*) ». Ptio et Tof continuent un peu la descente, rejoints par Pierre.
Une belle descente, nous sommes seuls au monde. Personne dans cette face
Après un gros quart d’heure à engloutir notre sandwich ensemble face aux sommets de Lyngen Nord, sans vent, scotchés devant un fjord sans une ride, nous devons re-peauter et continuer notre route. Rattraper la traversée au col avant les deux derniers sommets qui se succèdent : Uløytinden -1113 m et Kjelvågtinden -1104 m. L’arête est bien cornichée et la prudence reste de mise. La solitude de notre aventure s’arrête là et nous croisons à présent les randonneurs et les skieuses préférant cette balade en AR depuis Hamnes. Une dernière pause photo s’impose avant la descente finale sur une neige de printemps vers ce petit port de pêche, un petit bijou. Une ultime plaque de neige avant d’attaquer les derniers mètres dans les pâturages.
Les sommets de Lyngen en face
Après 6 heures passées sur cette traversée, nous sommes à présent largement dans les temps pour rentrer par le ferry de 16h20. Car comme dit au début de ce récit, les horaires avaient été étudiés en fonction des différentes possibilités et aléas liés au groupe. Une heure s’offre à nous pour une petite visite du village et un tour dans la boutique, la seule mais si originale. Et de surcroît, la bière fraîche n’est pas en rupture de stock pour des randonneurs assoiffés. Sur le quai, nous reprenons nos esprits et attendons le ferry en nous rappelant les efforts faits sans trop nous soucier du lieu de l’embarquement. Et c’est à 16h15 qu’une dame nous indique que le départ du ferry n’est pas ici mais à plus d’un kilomètre. « Dare dare, » nous prennons nos affaires et jetons nos dernières forces vers une course folle. Un départ raté, joué d’avance. Malheureusement notre effort s’arrête quand nous voyons partir le ferry à l’heure précise, à plus de 300 m. Et le prochain est dans plus de deux heures. Deux heures à tuer sur le quai ! Nous décidons alors de nous déchausser, le sol est froid mais nos pieds ont besoin de liberté et d’air libre. Tout sèche, les peaux, les vêtements, les gants… Le spectacle de 6 randonneurs sur ce quai n’est pas à notre avantage. Mais l’efficacité prime!
Une dernière descente, face à nous, les sommets de Lyngen et entre, le fjord sans une ride
18h35 et nous embarquons enfin pour 10 petites minutes de traversée. 1/2 heure plus tard, nous étions à Olderdalen rejoindre Philippe et Laurence restés au gite. Pour ma part, une petite séance de cryothérapie s’impose et c’est dans une eau à 6° pendant quelques minutes que je prends soin de mes muscles et articulations mis à rude épreuve. Le fjord est à moins de 100 m de l’appartement et de sa douce chaleur. 1600 m de dénivelé et près de 20 kilomètres à ma montre pour une journée dont les superlatifs ne suffisent pas. Mais une indication de bonheur extrême se lit dans le regard de chacun d’entre nous, conscient d’avoir vécu un moment de ski et de partage très fort, et surtout d’être des privilégiés sur cette terre.
CARTOGRAPHIE
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Ravi de revoir de belles images qui ravivent d’excellents souvenirs et de belles sensations de glisse notamment mais pas que… l’amitié et le partage.
Nous étions toujours heureux de pouvoir partager ces moments simples mais intenses, pour apprécier ce magnifique endroit et ces panoramas somptueux.
L’excitation de la traversée en ferry a fait place l’émerveillement lorsque nous étions au sommet.
Je vous recommande ce blog hyper bien fait par cet excellent photographe-chroniquer-skieur et amoureux des bonnes choses Vincent.
ET ENCORE MERCI..
Quand la Norvège permet de belles rencontres d’amitiés et de partages d’émotions, et cela à chaque voyage, là haut, tout en haut, on espère renouveler ces expériences bientôt entre potos.
… et merci pour tes compliments, ça motive !