Vasstinden
900 m
Kvaløya
La météo est encore capricieuse ce matin. Nous sommes attablés et terminons notre petit déjeuner, ne sachant pas encore où nous allons pouvoir poser nos spatules. La carte et les topos sont étalés sur la table, nos téléphones connectés aux différents services météo. Nous cherchons une pente ou une combe abritée du vent. Les prévisions annoncent des entrées océaniques avec fort vent d’Ouest.
Notre choix s’oriente vers une combe Est sous le sommet de Vasstinden.
En étudiant la carte, il y a une possibilité de rejoindre l’arête par un passage. Nous voilà donc partis pour cette belle combe. Nous nous garons au bord de la route qu’il faut suivre pendant 300 m à pied pour accéder à l’itinéraire prévu.
© Photos & illustration : V. Thiebaut
Carnet de course
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Orientation Est
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Difficulté ascension Peu difficile (30°-35°)
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Dangers Corniches, plaques
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Départ course Løvdal
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Difficulté descente S3
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Matériel Spécifique -
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Altitude départ 30 m
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Neige Transformée, souflée
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Compagnons Philippe et Laurence, Christophe 2, Jean Rémi
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Altitude sommet 900 m
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Météo Eclaircies avec rafales de vents
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Refuge -
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Dénivelé total 650 m / 900 m
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Timing total 2h30
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Secours 112
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Distance AR 9 km
Nivologie, un incontournable des connaissance de la rando
La neige ne fait pas défaut et nous pouvons chausser directement. La montée s’effectue au départ dans un champ puis le long d’un ruisseau dans un forêt de bouleaux assez éparse, ce qui laisse à penser que la descente sera agréable si la neige le permet. La pente est douce et quand il s’agit de bifurquer à gauche dans la combe, elle se raidit légèrement. Nous nous regroupons et arrivés dans celle-ci, le vent a tourné ! Il s’agit alors comme la veille de se battre contre les rafales plus ou moins fortes qui balayent nos visages. Tantôt le sommet et son arête cornichée se dévoilent sous un ciel bleu, tantôt il se cache derrière un épais nuage.
Travail d’expert
Quelques ruptures de pente rythment la montée. “Ca pue” nous dit Ptio en tâtant le terrain devant lui. Il nous conseille de nous arrêter. Son oeil d’expert à décelé qu’ à mi-pente, toute la face sous le vent est plaquée. De plus, le passage pour rejoindre l’arête est vraiment très raide. Est-ce une forte accumulation de neige sur plusieurs dizaines de mètres, une grosse approximation des courbes de niveaux sur la carte, ou les deux cumulées ? Par prudence, nous n’allons pas prendre le risque de contourner la plaque par la droite et déboucher dans le passage qui serait certainement encore plus délicat. Philippe qui s’est arrêté un peu plus bas, sort tout son matériel d’analyse du manteau neigeux pour y faire une coupe et ainsi confirmer les premières craintes de Ptio.
Ambiance hivernale, la capuche est de sortie
Derniers virages avant que nous décidions de ne pas s'aventurer sur la plaque
Philippe est formateur en nivologie au sein de la FFCAM et fait partie d’un nouveau groupe d’analystes data avalanches s’appelant RomanSNS (Réseau d’Observation et de Mesures Avalanche et Neige en Secteurs Non Sécurisés). Un nouveau protocole permet à ces contributeurs d’avoir tous les mêmes critères très complets, très fins, et calibrés. Ce système pourra aussi comparer les historiques. En Norvège, il existe VARSOM, une application qui permet de partager ce même type d’information sur le manteau neigeux. Très intuitive et très bien pensée, elle est un peu moins complète et moins “universitaire” que RomanSns. voir la page sur nordge.
Dans notre groupe, Philippe nous a plusieurs fois partagé ses analyses et pendant que nous faisions des aller-retours en peau, lui de son côté, “faisait son trou”. Aujourd’hui, le vent tourbillonnant apporte ce surplus d’ambiance et Philippe, maintenant que nous décidons d’arrêter notre effort, prend le temps d’expliquer à JR, son processus d’analyse et les conclusions de la coupe du jour. Jean Rémi, en chercheur de profession est naturellement intéressé et séduit par la démarche, mais aussi à l’écoute de la finesse et de la complexité d’un manteau neigeux. Aujourd’hui, sa coupe et son analyse a bien duré près d’une demi-heure contrairement à son travail pour enrichir Romansns, qui avec l’aide d’une autre personne peut durer près d’une heure et demie.
Nous sommes transis de froid, et il faut redescendre. Quelques courtes éclaircies apportent un peu de lumière à notre balade en montagne. La neige est agréable à skier et quand la pente est protégée des rafales, elle nous procure quelques minutes de pur bonheur. Dans la forêt, contrairement à la veille où se fût un réel combat, nous jouons ici avec nos trajectoires entre les arbres. La neige devient plus humide à l’approche de l’océan mais le plus gros est fait et nous rejoignons la route sans casse. Comble de chance, un renne nous attend au bord de la route, pas vraiment craintif. Sans bague, ni oreille coupée, c’est donc bien un renne sauvage, et non un renne égaré de son troupeau. Une fois de plus, nous sommes comme des gamins, sous le charme !
Il n’est pas encore 11 heures du matin et le vent, toujours aussi fort en montagne, ne nous invite pas à renouveler une autre montée à ski dans l’immédiat. Sommarøy n’est qu’à 30 kilomètres et décidons de nous y rendre… L’endroit est vraiment magnifique de part sa position, avec ses ultimes passerelles d’îles en îles dans l’océan et la route pour y accéder qui longe toute la côte. Plus nous nous rapprochons, plus l’influence océanique est importante et la neige de moins en moins présente.
Un bon petit renne, pas une peluche....
Un vrai renne aux bois verts, pas un freerideur !
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