Le 4 avril 2023 Randonnée à ski

Vatnsendahnukur
Les 3 sommets N-S-E
850 m

Péninsule du Troll

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Les sommets autour de Siglufjordur ne sont pas très élevés, la météo pas très stable, et la forme physique du groupe pas très homogène. Direction Hedinsfjordur pour grimper sur le Vatnsendahnukur. C’est donc le terrain parfait pour commencer une journée de rando tous ensemble et faire un premier sommet. Puis selon les conditions, continuer ou rentrer.

Les possibilités et les variantes sont multiples, sommets, vallons, traversées, …. et le risque vraiment modéré

La vue sur le lac et les 2 fjords est magique et typique des montagnes islandaises, très différentes des sommets visités en Norvège.

© Photos & illustration : V. Thiebaut – C. Dussoliet

Carnet de course

  • Orientation Ouest/Est/Ouest

  • Difficulté ascension Facile + (inférieur à 30°)

  • Dangers Corniches au sommet

  • Départ course Entrée second tunnel vers Olafsfjordur

  • Difficulté descente S3 - E1

  • Matériel Spécifique -

  • Altitude départ 10 m

  • Neige Printemps

  • Compagnons Christophe, JR, Pierre, Laurence, Philippe

  • Altitude sommet 850 m / 820 m / 825 m / 710 m

  • Météo Beau

  • Refuge -

  • Dénivelé total 1800 m

  • Timing total 6h30

  • Secours 112

  • Distance AR 19 km

PAR
Vincent Thiébaut

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8 heures 30, en route pour Hedindfjordur, le fjord entre Siglufjordur et Olafsfjordur. Nous nous garons sur une aire d’information entre les deux tunnels, la vue est juste dingue, un lac au centre, et de part et d’autre deux massifs enneigés aux courbes presque symétriques. A droite, l’arête sommitale composée de 2 sommets, l’un au Nord et l’autre au sud est bien visible.

66.093722, -18.776882
SOMMET SUD

La neige n’est pas abondante mais juste suffisante pour chausser à proximité de la voiture et nous commençons à grimper sur des langues de neige, heureux de se retrouver avec une météo clémente qui nous permettra de bien profiter de ce massif que nous espérons visiter. Il existe sûrement plusieurs itinéraires pour accéder à l’arête, nous suivons Ptio qui a décidé de tracer vers la croupe de droite qui domine un vallon plus bas. Les éclaircies et les rayons de soleil qui percent les quelques nuages nous procurent des images assez démentes. Un décor somptueux dans un nuancier tout de bleu. Nous arrivons au premier sommet à 850 m d’altitude, un piquet rouge attestant une dépose en heliski possible.

Nous discutons des plusieurs options qui s’offrent à nous, descente dans le vallon Sud, poursuivre la crête jusqu’au sommet principal du massif, Pverfjall (927m), long et pas très intéressant, ou descendre dans le vallon bien accueillant plein Nord, Ytrardalur par une pente raide. C’est cette dernière qui est retenue, les possibilités ensuite sont nombreuses. C’est sur une couche de neige bien dure et ventée que nous entrons dans cette descente, puis elle devient plus agréable à skier mais plus cassante. Seuls au monde ? Et non, un groupe de skieurs face à nous remontent un contrefort du sommet vers son versant Est. Esthétique et alléchant, leur trace de montée donne envie. Nous arrêtons nos courbes sur un replat à 500 m et tous remettons nos peaux.

66.099460, -18.772169
SOMMET EST

Dans notre groupe, à part Jr et moi, tous ont participé à de très nombreuses courses de ski alpinisme et sont rodés à des manipulations très rapides et grâce à un matériel adapté, pas le temps pour nos corps de se refroidir. Ils sont donc les premiers à repartir. JR est un garçon naturellement agile et d’une grande efficacité, j’ai participé de mon côté à quelques courses mineures. Contrairement à d’autres groupes qui n’ont pas les mêmes réflexes, ces temps peuvent monter à plus d’un ¼ heure… L’inertie est souvent le pire des maux en montagne et peut nuire parfois même à la sécurité d’un groupe. Quelques minutes plus tard, nous suivons leurs traces et par un petit effort, nous voilà déjà sur leurs talons. L’accès à la pente finale se fait par un petit goulet étroit où il vaut mieux être à l’aise avec ses conversions. Le paysage est si prenant sur le fjord d’Olafsfjordur formant un V bleu foncé au milieu de ces faces enneigées sous un ciel tourmenté. Le vrai visage de l’Islande et ses ambiances que nous sommes venus chercher se dévoilent.

Nous atteignons ce sommet par une traversée élégante, à gauche d’une arête. Là nous y retrouvons le groupe vu depuis la descente, des frenchies de Haute-Savoie. Comme à son habitude, c’est Ptio arrivant le premier et qui, politesse oblige, s’exprime dans un anglais facile “Hi”… La guide lui répondant “Salut, ça va”… Comment vous savez que je suis un français, s’exclame le Ptio ? “C’est rare de croiser un islandais ou même un Italien, avec une casquette Excoffier” ! Voilà, les présentations étant faites. Ce groupe avait choisi de partir de Kleifar puis de remonter tout le vallon pour atteindre ce premier objectif de leur journée. Entre la pointe où nous sommes, le sommet Est et le sommet Nord, malheureusement, une sorte de collet de vingtaine de mètres bien corniché et surtout très instable nous empêche de s’y aventurer sans corde. Trop dangereux ! Donc peu de regrets… Il existe bien également deux couloirs (voir photo plus bas) que nous avions repérés mais pas forcément accessibles à tous. Encore une option non retenue, il va nous falloir redescendre par l’itinéraire de montée et trouver une autre ouverture. L’un après l’autre, nous nous lançons dans une descente bien agréable sur une neige réchauffée et transformée du fait de son orientation plein Est, jusqu’au fond du vallon; là où nous avions remis les peaux.

66.099102, -18.773604
SOMMET NORD

Nouvelle manip et nous voilà repartis vers le milieu de l’arête sommitale. C’est à Philippe et Pierre, tour à tour que revient la tâche de la trace dans cette troisième montée. Il fait beau et nous apprécions ces conditions sans vent. Celle-ci se raidit et le franchissement de l’arête se fait avec les skis sur le sac. Ce n’est pas très long, juste histoire de pimenter notre expérience. Allez, nous rechaussons et encore quelques mètres avec les skis et nous atteignons le sommet Nord à 825 m.

Petite réunion au sommet. Nous avons déjà 1500 m de dénivelé dans nos guiboles et certains veulent terminer leur journée par une descente directe vers le tunnel… D’autres ont la motivation de s’aventurer vers le sommet voisin du Steinshnjukur, nos jambes sont lourdes sauf pour Ptio qui continue à sauter comme un cabri qui découvre les joies d’un pâturage verdoyant. Mais d’abord, il nous faut tous les 3, Ptio, JR et moi progresser sur la crête, vers le Nord pour trouver une belle ligne de descente sur une pente régulière. En contrebas, sur la droite, nous n’avons pas une visibilité suffisante, une rupture pouvant cacher une petite barre rocheuse. Nous restons prudents et nous trouvons une solution par une traversée. Il est déjà 13h et la neige s’est bien alourdie. Avec nos 85 et 90 au patin, nous pouvons lancer de grandes courbes, plus simples à exécuter qu’une godille trop classique et démodée, selon les dires de certains skieurs jaloux ou en manque de technique.

66.109919, -18.762757
ARÊTE DU STEINSHNJUKUR

Avant de remonter pour un ultime effort dans ce vallon de Steinshnjukur, nous prenons un peu de temps pour se désaltérer et grignoter quelques fruits secs et barres de céréales. Tout droit au fond dans la combe, c’est la voie normale mène au col d’Afglapaskard, pour atteindre le sommet, mais en cette saison, cela s’apparente à une course d’arêtes mixte facile. à notre droite, une belle pyramide, la face Nord de notre deuxième objectif, l’anté-cîme Est et ses couloirs raides. Nous devons respecter certains principes de sécurité et comme nous l’avons étudié dans le topo trouvé sur net, la seule possibilité est de gravir le plus haut possible sur la crête Ouest. L’itinéraire est évident jusqu’au début de l’arête puis son cheminement est intéressant sans être difficile. Vers l’altitude de 700 m, nous nous retrouvons heureux comme des gamins, comblés d’avoir réussi aujourd’hui à cumuler 4 montées dans ce petit coin isolé de la Péninsule. En plus côté Nord Ouest, une combe Steinnesskal est une belle combe étroite et raide nous attend. Avec l’avantage de trouver une neige protégée donc plus froide et avec l’inconvénient de nous éloigner de notre point de départ. Nous ne sommes pas déçus de ce choix, la vue sur le fjord est dingue et seuls au monde, nous descendons en suivant l’ombre des aiguilles. Frissons de bonheur garantis ! Il ne nous reste plus qu’à progresser dans une longue traversée en restant toujours assez haut pour ne pas avoir à déchausser régulièrement. C’est long mais en bonne compagnie, nous apprécions sans rechigner, tantôt à remonter en escalier, soit de traverser lichens à skis, avec comme récompense de passer tout près de 3 lagopèdes. Enfin nous arrivons au lac où une famille islandaise profitait de leur caravane, les enfants jouaient gaiement dans la neige et skiaient sous le regard de grands-parents émerveillés.

Après 6h30 passés en montagne, nous rejoignons Siglufjordur, où saumon et riz nous attendent. Aujourd’hui la faim passe avant la douche !

CARTOGRAPHIE


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