Toit végétalisé; toit, toit, mon toit...
Une chèvre qui broute sur une sous-pente ou un sapin qui pousse sur un toit … Non vous ne rêvez pas, vous êtes simplement en Norvège
Cette technique est répandue en Scandinavie, en Islande, sur les îles Féroé, mais aussi en Amérique du nord et devient un must en terme d’écologie même dans les mégapoles d’aujourd’hui. Et c’est avec intérêt que les architectes modernes et soucieux d’un meilleur environnement proposent de plus en plus des projets ambitieux, insolites et novateurs de toits végétalisés.
Mais revenons à nos chèvres norvégiennes et commençons par un peu d’histoire. Pendant l’âge Viking et le Moyen ge, la plupart des maisons avaient des toits d’herbe. Longue tradition car depuis la préhistoire, ils sont probablement recouverts d’écorce de bouleau et d’herbe et dans les zones rurales, ces toits étaient universels jusqu’au début du 18ème siècle. Les toits recouverts de tuiles sont d’abord apparu dans les villes et sur les manoirs ruraux au cours du 19ème siècle et les couvertures en bois sont plutôt destinées aux églises et édifices demandant des pentes plus raides. Actuellement, les chalets de montagne, les refuges et les maisons de vacances des plus simples aux plus luxueuses reprennent cette belle tradition. Dans tout le pays, ces habitations s’intègrent parfaitement toutes saisons à la nature environnante et procurent un véritable bonheur, souci de bien être, d’osmose avec les éléments et le climat rude. Les musées en plein air et le mouvement de préservation créaient une réserve pour les anciennes traditions de construction et chaque année, depuis 2000, le conseil d’administration de la Scandinavian Green Roof Association décerne également le prix du meilleur projet de toiture verte en Scandinavie.
En France cette pratique de couverture originale n’est pas courante mais néanmoins présente, comme le restaurant du golf de Chamonix qui date de quelques décennies. Aujourd’hui, cette technique est plus beaucoup plus répandue.
TOUS LES AVANTAGES,
À LIRE ET À MÉDITER
Article de Marie-Céline Ray – Futura Maison
Dans un environnement urbain bétonné, les toits végétalisés offrent un espace de verdure avec de nombreux avantages à la fois environnementaux, économiques et sociaux. En plus d’être esthétiques, ces toits de verdure favorisent l’isolation, la biodiversité et retiennent l’eau.
Dans une ville, les toits peuvent représenter près du tiers de la surface. Lorsqu’ils sont couverts de végétaux, ils limitent le ruissellement des eaux de pluie, participent à l’isolation des bâtiments, favorisent la biodiversité et fournissent un espace pour une agriculture urbaine. Zoom sur 10 atouts des toits végétalisés.
La rétention des eaux pluviales
C’est l’un des principaux avantages des toits végétalisés en ville. En effet, lors des fortes pluies, les eaux qui descendent rapidement des toits favorisent les inondations. De plus, les écoulements d’eau en ville peuvent transporter des polluants comme des résidus de pétrole, qui, ensuite, se déversent dans la nature. Les toits végétalisés retiennent les eaux pluviales et les libèrent plus lentement. Une étude de 2005 a montré que les toits végétalisés retenaient environ les deux tiers des eaux de pluie, avec 10 cm de substrat seulement.
L’isolation thermique
Les toits végétalisés, en climat chaud, permettent de limiter l’usage de la climatisation grâce à la végétation qui intercepte les radiations solaires : le flux de chaleur à travers le toit est réduit, notamment grâce à l’évapotranspiration. À l’inverse, en hiver, les toits végétalisés limitent la perte de chaleur.
Bien que les toits végétalisés soient plus chers au départ que des toits plus conventionnels, à long terme, ils peuvent s’avérer intéressants économiquement grâce aux économies d’énergie réalisées et à la meilleure longévité du toit.
La longévité du toit
Les toits végétalisés ont une durée de vie plus longue car ils sont protégés des radiations UV et des variations extrêmes de température qui ont tendance à détériorer les revêtements des toits.
Un refuge pour la biodiversité
Les toits végétalisés sont un refuge pour la faune en ville comme les invertébrés (insectes, araignées…) ou les oiseaux.
“Cela permet sans aucun doute aux oiseaux et à d’autres espèces de venir se poser et se reproduire. »
En région parisienne, l’étude Grooves (Green ROOfs Verified Ecosystem Services) menée par Natureparif réalise un inventaire sur des toitures végétalisées d’Île-de-France, sur une période de trois ans, de 2017 à 2019.
D’après WeDemain, 200 espèces de plantes ont été recensées, dont 70 % venues d’elles-mêmes, et environ 300 espèces d’animaux, dont environ 250 insectes. Pour l’écologue Marc Barra, « à ce stade, on ne peut pas parler de corridors écologiques, mais cela permet sans aucun doute aux oiseaux et à d’autres espèces de venir se poser et se reproduire ».
Un réchauffement urbain limité
Dans des environnements urbains, la végétation est souvent remplacée par des surfaces sombres comme les revêtements d’asphalte, qui favorisent le réchauffement des villes : c’est ce qu’on appelle les « îlots de chaleur urbains ». D’après une étude américaine, la couverture végétale permet de limiter ce réchauffement urbain.
Des toits bons pour la santé
La nature en ville fait du bien au moral et aide à se relaxer ! En été, les toits végétalisés favorisent le bien-être à l’intérieur des bâtiments, en les rafraîchissant.
Des productions agricoles en ville
Les toits potagers permettent de produire des fruits et légumes en ville. Dans une expérience menée sur les toits de l’école AgroParisTech, des chercheurs ont cultivé des salades et des tomates avec un rendement comparable à celui de l’agriculture biologique.
La réduction des pollutions
Les toits végétalisés pourraient aider à réduire les pollutions de l’air : les plantes peuvent absorber des particules fines et des gaz polluants (NOx, monoxyde de carbone, azote, SO2…).
Le captage du CO2
Les plantes captent le dioxyde de carbone (CO2) et peuvent donc limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Des toits esthétiques
Comparez un toit végétalisé à une triste toiture en béton : tout est dit !
PARLONS TECHNIQUES
DE MISE EN ŒUVRE
Un toit végétal est constitué essentiellement de cinq composantes. En partant du support de toit, on retrouve :
la structure portante ;
- une couche d’étanchéité. Une barrière anti racines et une membrane d’étanchéité séparent le système du toit vivant du bâtiment isolé qui se trouve en dessous ;
- une couche éventuelle de drainage et de filtration. En cas d’excédent d’eau, une couche de réservoirs ou de galets la filtre puis elle se déverse dans une canalisation. Pendant les périodes sèches, l’eau stockée remonte vers les racines ;
- un substrat de croissance. La terre naturelle devient trop lourde quand elle se gorge d’eau. Les architectes des toits verts utilisent un substrat ;
- une couche végétale si l’on recherche un aspect engazonné ou de type prairie, ou une couche d’un substrat léger. Les sédums stockent l’eau, absorbent les pluies qui ruisselleraient sur un toit plat ordinaire.
L’épanouissement des plantes du toit végétal prend quelques années.
CHERCHEZ L’ABRI CAMÉLÉON
Le refuge d’Åkrafjorden
Lire la démarche du célèbre cabinet d’architecte norvégien ©Snohetta
Le toit végétalisé d'Artipelag
Sur ce toit plat, vous trouverez une prairie mais aussi un jardin de plantes aromatiques. Pour l'architecte Johan Nyren, il fallait combiner l'art, l'architecture, les activités en s'intégrant à l'archipel.
Modernité et confort peuvent rimer avec traditions et intégration
Se faire plaisir en respectant l'environnement, son environnement. Qui ne rêve pas d'une telle habitation où la nature prend le contrôle sur l'acier et le béton.
Maison d'habitation designée par Ulrika Bjartmar et Mårten Hylta (SV)
Une clairière dans la forêt entourée d'arbres géants était la condition préalable à ce projet. Un toit végétalisé et des treillis luxuriants sont ajoutés, ce qui permet au bâtiment de se fondre encore plus dans son environnement et de former une transition spatiale douce vers la nature.