Qu'est ce qu'une parhélie ?
Nous sommes installés devant notre téléviseur et regardons un reportage sur la Suède…. Et ce que nous avions jadis observé dans les Alpes en Savoie, il y a quelques années, n’était pas une hallucination de notre part mais bien un phénomène plutôt rare. C’était lors d’une belle et froide journée, une mer de nuages découpait la ligne de nos montagnes, et là, nous avons été surpris par un halo, une demie-sphère autour du soleil et des reflets de part et d’autre…
Revenons à ce très bon reportage.
Par des lumières bien scandinaves de fin de journée, ce phénomène était beaucoup plus impressionnant, voire troublant. Parhélie, tel est son nom !
© Photos et sources : Istock, Wikipédia –
Photo ci-dessus ; cette journée sur le Raudfjord dans le Svalbard était tout simplement idéale – A. Weith
VEMDALEN, UN PREMIER DECEMBRE 2017
Des skieurs suédois ont eu cette chance de voir un très beau parhélie sur les pistes, ce phénomène optique impressionnant dans le ciel. Deux répliques de l’image du soleil apparaissent horizontalement de part et d’autre de celui-ci. Le Parhélie n’est pas lié à la pollution, il se produit quand le soleil est assez bas sur l’horizon est que l’atmosphère est chargée de cristaux de glace.
QU’EST CE QU’UNE PARHELIE ?
POUR LES AMATEURS DE SCIENCES
La durée de son apparition varie de quelques secondes à plusieurs dizaines de minutes. Le phénomène consiste essentiellement en l’apparition de deux images lumineuses, aux couleurs du spectre solaire, éloignées de l’astre d’une distance angulaire comprise entre 22° (petit halo) et 46° (grand halo). Elles sont placées de part et d’autre du Soleil, sur une ligne horizontale appelée « cercle parhélique », qui peut être ou non apparent.
Plus le Soleil est haut dans le ciel, plus les parhélies sont éloignés du halo central. L’ordre des couleurs est celui du spectre de la lumière, identique à celui produit dans les arcs-en-ciel, le rouge étant orienté vers le Soleil, les autres couleurs étant assez diffuses et parfois suivies d’une queue de lumière blanche pouvant atteindre un arc de 10 à 20°5. Cette lumière blanche peut être si brillante qu’elle donne l’impression de répliques du Soleil. Il arrive fréquemment qu’un seul des deux parhélies soit visible.
Le phénomène se produit lorsque le Soleil est assez bas sur l’horizon et que l’atmosphère est chargée de cristaux de glace présents dans les nuages de haute altitude. Il est plus fréquent dans les régions polaires, car de nombreux nuages bas y sont, eux aussi, chargés de particules de glace ; cependant il est loin d’être rare aux latitudes comme celle de la France. Les cristaux se constituent naturellement dans les nuages suivant une symétrie hexagonale, en prenant la forme d’un prisme allongé, ou bien d’une plaque hexagonale ou d’une étoile à six branches aplatie. Il existe un phénomène identique concernant la Lune, plus rarement observé, qui porte le nom de Parasélène.
Déviation de 22° d'un rayon lumineux traversant un cristal de glace hexagonal
1 : Petit halo à 22°, 2 : Parhélies, 3: Colonne lumineuse, 4 : Cercle parhélique, 5 : Arc circumzénithal, 6 : Arcs tangents, 7 : Grand halo à 46°, 8 : Anthélie
TÉMOIGNAGES HISTORIQUES
Les parhélies sont documentés depuis l’antiquité. Ces phénomènes devaient paraître comme bien étranges, voire mystiques, même signes de superstitions. Mais il était connu des érudits et des philosophes comme le démontre ce témoignage datant de -300 ans avec JC. Théophraste, philosophe de la Grèce antique publie dans “Des Signes du temps”, premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe, dont subsistent 57 fragments ; dans le fragment 29, Théophraste dit du parhélie qu’il est un indicateur de pluie ou de vents, quel que soit le quartier visible. D’ailleurs, Le mot parhélie est issu du grec ancien para, « auprès », et hélios, « soleil », un parhélie est une partie du phénomène de halo solaire, auquel il est associé, mais qui est souvent très partiellement ou pas du tout visible.
Au premier siècle après JC, pour Sénèque , philosophe romain le phénomène est un prodige qui annonce des événements funestes.
« Ainsi rien n’empêche de leur conserver la qualification de parhélies. Ce sont des images du Soleil qui se peignent dans un nuage dense, voisin de cet astre et disposé en miroir. Quelques-uns définissent le parhélie comme un nuage circulaire, brillant et semblable au Soleil »
Parhélie au dessus de Stockholm, une bien belle vue sans l'aide d'un drone
Bien plus tard, un peintre suédois, Jacob Heinrich Elbfas peint ce phénomène événement sur un tableau. Le Vädersolstavlan, peinture à l’huile représentant un parhélie observé au-dessus de la ville de Stockholm le 20 avril 1535. Son nom signifie littéralement « la peinture du soleil du temps » étant le nom de ce phénomène optique en suédois. Il s’agit de la plus ancienne représentation en couleurs connue de Stockholm, et la plus ancienne représentation d’un parhélie dans l’art. En fait, le Vädersolstavlan original, réalisé peu après les faits, est traditionnellement attribué à Urban målare mais ce tableau est perdu. Il en subsiste une copie réalisée en 1636 par Jacob Heinrich Elbfas, conservée à la Storkyrkan de Stockholm.
SUR LE GRAND ÉCRAN
Ce phénomène mystérieux et très photogénique, ne faisant ni appel à des retouches photographiques, ni à des effets spéciaux que l’on visualise trop souvent dans les films de science fiction apparaît dans deux grands films, au début du film Bagdad Café, puis à plusieurs autres fois en flash-back et en peinture où ce thème deviendra un élément important dans la relation unissant Jasmine à Rudy. Également au début de Voyage au bout de l’enfer, après 6 minutes de film, le personnage joué par Robert De Niro le décrit comme « une vieille légende indienne ».