A la rencontre des Samis

Les Samis ou Sames sont un peuple autochtone d’une zone qui couvre le nord de la Scandinavie ainsi que la péninsule de Kola en Russie connue sous le nom de Laponie.
Ce peuple est souvent nommé Lapons, mais ce terme est non seulement un terme étranger, mais aussi originellement péjoratif qui signifie « porteur de haillons » en suédois.

Pour les Samis, le territoire n’a pas exactement le même sens que dans la pensée occidentale. Les Samis méprisent les cartes car ils estiment qu’un territoire n’est pas simplement l’objectivation d’une aire, codifiable et communicable à volonté. Ils considèrent que le territoire ne peut être appréhendé qu’en étant vécu de l’intérieur. Ainsi, chaque repère géographique, comme une rivière par exemple, n’a du sens qu’à travers les activités et les souvenirs qui y sont associés, ce qui explique que chaque élément naturel ait son propre chant joik.

Les activités traditionnelles des Samis étaient autrefois la pêche et l’élevage de rennes, mais aujourd’hui seule une minorité des 85 000 Sames en vit encore.

©Photos : Sutterstock – Silje Bergum Kinsten/norden.org – Granbergs Nya Aktiebolag

Quelles dates de l’histoire samie

11 000 av. J.-C. environ : les premières traces humaines des régions septentrionales de la Fennoscandie. Les Sames de Kjelmøya, île proche de Kirkenes vivaient, autour de 300-400, de manière semi-nomade: chasse dans les terres l’hiver, pêche dans les fjords l’été, c’est-à-dire une inversion par rapport au rythme de l’âge de la pierre local.
900, les Vikings ont commencé à se déplacer vers la Laponie et à lever des impôts en nature (peaux de bêtes) chez les Sâmes.
1100, les premières églises furent construites sur les terres samies
1542, le roi suédois Gustave Ier Vasa décida que toutes les terres au nord de son royaume, selon lui inhabitées, appartenaient à la couronne suédoise.
1621, 150 Samis sont exécutés pour sorcellerie. Le Mémorial de Steilneset (2011) commémore leur mort.
1636, l’exploitation minière de la Laponie, par la Suède, commence. Des Samis étaient forcés de transporter le minerai extrait sur leur traîneau, dans des conditions cauchemardesques. Cela a provoqué l’exode d’une partie de la population vers la Norvège
1886, la Suède vote une «loi sur l’élevage des rennes» qui interdit aux Samis de posséder des terres ou des droits d’utilisation de l’eau.
1903, un chemin de fer est construit par la Suède pour relier Kiruna et ses mines, au port de Luleå sur la mer Baltique, et à celui de Narvik en Norvège sur la côte de la mer de Norvège.
1920, un accord entre la Suède et la Norvège interdit aux éleveurs de faire traverser la frontière entre leurs pays à leurs troupeaux.
1989, la Norvège, en ratifiant la convention 169, a officiellement reconnu aux Samis, en tant que plus anciens habitants des régions nord de la Fennoscandie, le caractère de «peuple autochtone de Norvège» et intégré un parlement sami. Au tour de la Suède en 1993 et en 1996 pour la Finlande. Ils visent à faire remonter les revendications des communautés samies auprès des gouvernements nationaux. Les membres de ces parlements sont démocratiquement élus par les Samis.
1999, le gouvernement norvégien a présenté des excuses officielles au peuple sami.

Plus de la moitié des samis vit en Norvège.

On estime à environ 80 000 le nombre total de Samis. La vaste majorité des populations samies se concentre en Norvège du Nord, principalement dans le comté du Finnmark mais aussi plus au Sud jusque dans le Trøndelag par exemple.

Culture et modes de vie

La culture samie n’est uniquement pas le rayonnement de leurs traditions telles que les costumes colorés, les spécialités et artisanat traditionnels ou encore l’élevage de rennes. Mais l’héritage sami est resté vivant et a même évolué ! De nos jours, on l’observe dans la musique rap, l’architecture moderne, l’art contemporain et le design dernier cri. Le Sami d’aujourd’hui peut être à la fois cinéaste primé et éleveur de rennes sur sa motoneige. En revanche, il partage avec son ancêtre la même relation profonde avec la nature.

Le mariage joue un rôle important dans la société sami, en particulier parce que les personnes mariées bénéficient de privilèges sociaux, tels que le droit d’exploitation de certains pâturages ou le bénéfice de la solidarité entre éleveurs. Lors des fiançailles, des rennes de trait sont régulièrement échangés; il s’agit d’une préparation à la mise en commun des troupeaux, mais aussi une forme de publicité du mariage, puisque les communautés samis savent reconnaître à qui appartient tel ou tel renne. Les mariages entre cousins au premier et second degré sont communs. La cérémonie proprement dite a généralement lieu en hiver, quand les troupeaux demandent le moins de soin et que les communications sont les plus aisées. Le nombre d’enfants idéal dans l’esprit sami est d’environ quatre ou cinq enfants par couple. Les garçons aident aux tâches d’élevage et les filles aux tâches domestiques.

La viande principalement consommée est le renne. Tradition nomade oblige, aucune partie de la bête n’est laissée de côté. Il est consommé en viande bouillie ou grillée, en viande salée et séchée ou fumée et en saucisson avec quelques spécialités dont le lapkkok,à base de foie et de moelle. La pêche apporte saumon, hareng, sandre, perche ou lavaret, qui sont souvent séchés, ainsi que des moules. origine d’un pain same sans céréale est attestée par la tradition orale. Leur pain, très sain et connu au-delà de la Laponie, est désigné sous le nom de «steinalderbrød», littéralement pain de l’âge de pierre.

Les plantes locales sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle ; gelée de jacinthe des bois, la renoncule des glaciers en tisane, le lichen d’Islande dans le pain, en soupe, en tisane, après l’avoir séchée et bouillie après une nourriture grasse contre la fièvre et pour se gargariser contre le mal de gorge, les feuilles de bouleau nain dans de l’huile et de l’alcool contre le mal d’estomac, particulièrement bon pour les enfants en bas âge, favorise la flore intestinale.

La Norvège abrite plus de 200 000 rennes

Le renne a toujours été un élément central de la culture samie. Dans le renne, rien ne se perd : on cuisine sa chair, on fabrique des vêtements et des chaussures dans sa peau et son pelage, on transforme ses cornes en outils indispensables, voire en objets d’art.

Aujourd’hui, cette filière occupe environ 3 000 personnes, dont 2 200 rien que dans le Finnmark. Les gardiens de troupeaux de rennes vivent de la vente des produits tirés de leur élevage. La viande de renne se vend sur l’ensemble du territoire norvégien et est également exportée, tandis que la peau est transformée en gants, chaussures et autres produits de maroquinerie. On peut donc difficilement se rendre dans la région du Finnmark sans en goûter la spécialité régionale. Celle-ci est déclinée en un nombre inimaginable de recettes, dont la plus célèbre.

Les Samis de Norvège parlent au minimum cinq langues

Sur les neuf variantes de langue same recensées dans le monde, cinq sont pratiquées en Norvège. Les trois plus courantes sont : le same du Nord, le same de Lule et le same du Sud. Le same de Pite et le same de l’Est font actuellement l’objet d’un programme de revitalisation en Norvège. Ces langues ne se ressemblent pas, et n’ont pas de lien avec le norvégien, ni aucune autre langue scandinave, d’ailleurs.

Au cours du 20e siècle, à plusieurs reprises, les Samis se sont vu signifier l’interdiction de pratiquer leur propre langue aux dépens du norvégien, dans le cadre d’une politique d’assimilation draconienne. Conséquence : moins de la moitié des Samis norvégiens parlent aujourd’hui le same.

Duodji, un artisanat sami apprécié au-delà du territoire

La culture samie possède de nombreux termes emblématiques, dont duodji, l’artisanat sami. Les outils, vêtements et accessoires sont fonctionnels et incorporent souvent des éléments décoratifs artistiques. Même si la tradition évolue légèrement, de nombreuses disciplines artisanales (broderie de perles, tissage de lacets, sculpture sur bois, coutellerie) sont soigneusement perpétuées. Aujourd’hui, certaines pièces de duodji revêtent une grande valeur artistique aux yeux des collectionneurs du monde entier.

Le costume traditionnel, le « kofte », est une autre tradition restée bien vivante. Aujourd’hui, on le porte surtout pour les grandes occasions comme les mariages, les enterrements ou autres événements importants. Les couleurs, les motifs et les décorations parant le costume peuvent indiquer la région dont la personne est originaire. Les couleurs traditionnelles samies sont le rouge, le vert, le bleu et le jaune.

Rendez-vous au centre artistique contemporain Sami de Karasjok, qui vaut indéniablement le détour. Il accueille des expositions, allant de formes d’expression modernes au duodji traditionnel.

Le joik, le chant traditionnel sami

Le joik, musique folklorique samie, est l’une des plus anciennes traditions chantées d’Europe. Le joik possède des particularités vocales et est dédié à une personne, un animal ou un lieu. Il est pratiqué dans de nombreuses situations quotidiennes. En fait, ces dernières années, le joik connaît même un regain d’intérêt. De nombreux jeunes musiciens l’incorporent dans leurs compositions et il est devenu de plus en plus populaire de combiner le joik à d’autres styles musicaux comme le jazz, le heavy métal et le rock.

Karasjok, la capitale samie et son parlement à la forme d’un lavvo

Le parlement sami a siégé pour la première fois en 1989, après la tenue de nombreuses manifestations contre la construction d’une usine hydroélectrique sur l’Altaelva, en Norvège du Nord. Depuis, les Samis de Norvège peuvent élire leurs représentants dans un parlement entièrement dévoué aux affaires samies. Ce bâtiment à l’architecture originale se trouve au Finnmark. Il a la forme d’un lavvo – la tente samie, éternel symbole du mode de vie nomade. Des visites guidées du parlement sont organisées.

Festivals et rassemblements samis

Pour comprendre la culture et les traditions samies, rien ne vaut un détour dans un festival sami. Chaque année en juillet, le festival Riddu Riđđu, à Manndalen dans le comté de Troms, attire des artistes et festivaliers du monde entier. Avec ses concerts sous le soleil de minuit, la richesse de son programme et la qualité de son offre culinaire, Riddu Riđđu sort vraiment de l’ordinaire.
La Semaine samie de Tromsø en février, jour de la Fête nationale samie. Tentez votre chance à la course de rennes, apprenez l’art du joik ou profitez tout simplement de la programmation musicale, des conférences.
Apprécié des familles, intergénérationnel, le festival sami de Pâques Kautokeino est devenu un événement incontournable de la culture samie. Il propose des concerts, des expositions, ainsi que des activités originales de type moto-cross sur neige et course de rennes.
Parmi les autres événements dignes d’intérêt, citons la Semaine de la musique samie d’Alta, le festival d’hiver de Tana et le festival Skábma de Lebesby.

Propos recueillis sur Visit Norway et wikipédia

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