Kat Claude

 Deux ou trois choses que je sais de Catherine.

C’est une âme vagabonde, une vraie, de celles qui ne craignent ni l’imprévu, ni le froid ni le chaud, toujours prête à se frotter à l’impossible, une amoureuse des grands espaces. Une femme à l’étroit entre quatre murs, dont la nature est le refuge, et qui régulièrement gravit une montagne ou traverse un océan sans hésiter pour aller voir un peu plus loin de quoi est fait le monde.

Portrait rédigé par Isabelle Flaten – Ecrivain – Prix Erckmann Chatrian 2019

De ces échappées elle rapporte des saveurs et des couleurs parfois invisibles à un œil nu, mais le sien est curieux et s’envole par-delà les horizons ordinaires pour aller chercher la petite bestiole, la belle plante, le fruit exotique, ou se glisse derrière un nuage, un paysage, pour ensuite en crayonner le reflet. En chemin elle n’oublie personne, elle part à la rencontre de chacun, et allez savoir pourquoi, son enthousiasme, sa gaité peut-être, son adaptabilité, toujours est-il que partout où elle est passée, les bras sont ouverts, la bouteille est au frais, le lit est fait, réjouis de les retrouver, elle et ses blagues.

Rien ne l’arrête, ni la tempête ni le temps qui passe. Et quand le temps a fait d’elle une grand-mère, un vent réjouissant lui a soufflé que c’était le moment de transmettre le flambeau. Que brillent les yeux des enfants des mille lumières du monde. Très vite elle embarque les petits dans l’aventure. Quand ils ne dévalent pas les pentes enneigées à ski, ils crapahutent dans les rochers ou suivent le vol des hirondelles. Puis un jour, c’est la grande expédition, la vraie, à la conquête du cap Nord, elle hisse la grand-voile et que vogue Manoah son moussaillon dans son sillon vers la terre de glace.

Photos : © Kat Claude, Kari Schibevaag, Albert Terland Bjørnerem

VOYAGES & EXPÉS

Par la mer où s’apprend la liberté, par les sentiers d’altitude de nos montagnes ou par les chemins de traverse pour rejoindre d’autres horizons, le Brésil, l’Argentine, Haïti, la Thaïlande, la Malaisie et ses sauvages Langkawi, le Costa Rica, traversé de la côte atlantique à la côte pacifique à travers jungles, volcans, rivières et mangroves, le Zanskar ou le Népal pour flirter avec les hauteurs, le monde m’est très vite apparu assez léger à parcourir. Inutile de faire une liste prétentieuses de destinations ou d’exploits qui n’en sont pas. J’en garde simplement la saveur et le souvenir de paysages magnifiques, de sourires éblouissants, d’émotions fortes, de doutes apprivoisés, avec au bout du voyage, un émerveillement inépuisable et une gratitude sans fin pour la vie.